En 1986, Carl Mailhot et les siens partent de la marina de Sorel pour un voyage autour du monde qui va durer six ans. Avec sa compagne, Dominique Manny, Mailhot raconte leur périple dans un journal de voyage qui sera publié en deux tomes sous le titre La V’limeuse autour du monde. Les ouvrages contiennent, en plus du récit de Mailhot et de Manny, des extraits de leurs journaux de bord et des lettres écrites par leurs enfants. Carl Mailhot est également l’auteur d’un recueil de poésie intitulé Meilleur est rêvé. Pendant quelques années, il a enseigné le cinéma au Cégep Saint-Laurent. Il a été l’un des fondateurs des Rendez-vous du Cinéma Québécois. Il est mort à Sorel en 2005.
François Barcelo a écrit au-delà de 50 œuvres parmi lesquelles on retrouve des romans, des essais, des ouvrages pour la jeunesse et des recueils de nouvelles. Il a remporté plusieurs prix dont celui du Gouverneur général, catégorie jeunesse, pour La fatigante et le fainéant; le Grand Prix littéraire de la Montérégie, pour l’ensemble de son œuvre; et le Prix TD 2005 de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse. Il est le premier auteur québécois à être publié en 1998, dans la collection «Série noire» de Gallimard, en France, avec son roman intitulé Cadavres, qu’Érik Canuel a adapté au grand écran en 2008. Au cours des années suivantes, Barcelo a publié, dans la même collection, Moi, les parapluies et Chiens sales, deux romans policiers dont l’action se situe à Sorel et les environs, où il est entre autres question du Festival de la Gibelotte, de Sainte-Anne-de-Sorel, des îles de Sorel, de chasse, de crime et de la bêtise de certains policiers.
Dans les mots de Barcelo, voici un passage où l’auteur mentionne Sorel et sa gibelotte :
«Il était en train de la repeindre [la boîte aux lettres] quand une auto est arrivée dans le chemin des Alouettes, qui longe le chenal aux Chevaux. Elle s’est arrêtée de l’autre côté du chemin par rapport à la boîte aux lettres qui est juste au coin du pont. Le conducteur a baissé sa vitre. Il voulait savoir où manger la meilleure gibelotte. Moi, j’ai du mal à imaginer qu’une gibelotte puisse être meilleure qu’une autre. Et je n’ai jamais très bien compris pourquoi ce plat est si populaire dans la région. Les filets de perchaude tout seuls, j’aime bien. Mais le problème avec la barbotte, c’est qu’il faut nécessairement faire cuire ce poisson dans autre chose, parce que tout seul, ça a un goût pas vraiment boueux, mais un peu quand même – de la boue qui n’a pas de goût, je dirais. De là à la faire mijoter avec des légumes en conserve, il me semble qu’ils auraient pu trouver mieux. Surtout quand ils veulent attirer des touristes. Mais ça marche. Il y a même tous les ans à Sorel un Festival de la Gibelotte, où convergent tous les touristes des environs. Toujours est-il que mon oncle a traversé le chemin des Alouettes et a expliqué au touriste que la gibelotte, ce n’était pas si facile de décider laquelle est la meilleure, mais qu’il pourrait aller soit chez le père Didace qui en fait avec de la barbotte bouillie, soit chez Angélina, qui la fait avec de la barbotte poêlée, qui est bien meilleure quand on la préfère poêlée. Je n’étais pas là ce jour-là, mais je suis convaincue que ça s’est passé comme ça, parce que c’est comme ça que ça s’était passé l’année d’avant, une fois que j’étais ici en visite et qu’un touriste était arrivé en quête de gibelotte1.»